J'ai le coeur qui bat à cent à l'heure. Comme à chaque fois que je m'apprête à aller voir Cael à vrai dire. Je sais à quel point cela sonne cliché et niais de le dire mais c'est totalement vrai. Aujourd'hui pourtant, il y a quelque chose en plus. Quelque chose qui fait que sur tous ces battements il y a de nombreux ratés, quelque chose qui fait que ce coeur ne bat pas que de bonheur. J'ai rarement été aussi nerveuse de toute ma vie. Cela se voit dans mes mains qui tremblent fébrilement alors que je sors de la voiture, cela se ressent dans ma démarche raide alors que je foule le petit chemin de pierres, cela s'entend dans ma respiration saccadée alors que je sonne à la porte de l'imposante demeure. Je n'ai aucune idée de comment lui annoncer cette nouvelle qui risque de bouleverser nos deux existences jusqu'à la fin. J'ai beau y avoir réfléchi pendant des heures et des heures sans interruption, je n'ai pas avancé d'un pouce sur la question. Un bref instant, je me sens complètement paralysée par ce qui va suivre et j'envisage de faire demi-tour aussitôt pour rebrousser chemin. Alors que je tergiverse, la porte s'ouvre pour laisser place au visage le plus merveilleux de la terre. Un sourire l'illumine et je souhaiterais pouvoir le lui rendre avec tout mon amour. Mais je n'y arrive pas. Il reste coincé quelque part dans ma mâchoire. Je vois mon hésitation le troubler, les questions s'accumuler dans son esprit. Sans que je ne puisse rien y faire, je me mets à paniquer. Ma cage thoracique s'affole, mes yeux le fixent avec hébétude et ma bouche s'entrouvre pour le saluer. Mais ce sont d'autres mots qui sortent que ceux que j'avais prévus de dire. « Je suis enceinte. »  

Ce n'est certainement pas ainsi que j'avais imaginé faire cette annonce. Pas là, sur le palier de la porte avant même d'avoir pu lui rendre son bonjour, avant même d'avoir pu exprimer tout mon amour. Les mots sont sortis tout seuls de ma bouche sans que je ne puisse les retenir et c'est avec horreur que je réalise ce que je viens de faire. Cela n'aurait pas dû se passer comme ça. Le choc qui m'envahit n'a cependant aucune commune mesure avec celui qui s'empare de l'homme de ma vie. De longues secondes défilent au cours desquelles ni l'un ni l'autre ne faisons un geste. Je me demande même si nous continuons de respirer alors que mon esprit est seulement capable de le dévisager, suivant peu à peu le long cheminement de cette information à travers son cerveau. Je sais que je devrais dire quelque chose, que ce ne serait pas juste de le laisser réagir le premier après une telle bombe mais je suis complètement perdue et je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais bien dire. Alors je me tais, lâchement, et j'attends. J'attends jusqu'à ce qu'il se mette à reculer, dans une réaction que je ne comprends absolument pas. Il recule tant et si bien que je me mets à le suivre sans prendre la peine de refermer la porte derrière moi. Je ne sais où il compte aller ainsi mais très vite sa course prend fin puisqu'il bute sur les escaliers et tombe. Je me précipite vers lui dans un geste réflexe mais suis stoppée net par les trois dernière lettres qu'il prononce. « Hein ? Quoi ? Non. » Comment ça non ? Non quoi ? Evidemment, mes neurones sautent directement à la pire des conclusions. Celle que j'avais envisagé mais que je ne voulais pas entendre. « Tu... tu ne veux pas ? » Tu ne veux pas que je sois la mère de ton enfant. Un froid glacial s'infiltre dans mes veines. Je suffoque. 

Tu... tu ne veux pas ? Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck me. L'idée d'avoir un enfant était plus que terrifiante, c'était un vrai cauchemar. Je serais un connard si je le disais à voix haute. Je le sentais. Je marchais sur un terrain miné et pendant une seconde, je craignais même de le dire, mais ma peur d'avoir un gosse prenait le dessus. Bien sûr que non ! wtf. J'étais frustré, pas forcément en colère, mais ça ne m'empêchait pas de m'emporter et d'hausser le ton, alors que la jeune femme ne le méritait tout simplement pas. J'ai l'air de vouloir avoir un enfant ? On va le mettre où ? Dans la chambre à côté de celle de ma mère ? ça semblait si évidant à mes yeux, qu'une partie de moi lui en voulait de m'avoir posé la question. J'étais le méchant maintenant, le connard qui avait fait une connerie, mais n'était pas près de l'assumer. Que pouvais-je ajouter ? Pouvais-je mentionner les options commençant par A ? Adoption. Avortement. Abandon. Oserais-je ? Indiana... Je regarde son visage et me rends compte de mon égoïsme. Elle paniquait autant que moi, si ce n'était plus et je lui mettais encore plus de pression avec ma réaction... "Immature". Je me redressais, m'approchais d'elle, tenter de la toucher... Je suis désolé, ce n'est pas toi... Je suis juste... Sous le choc. Mes mains étaient moites et j'avais l'impression de mourir de chaud... Je t'aime ok ? Je t'aime, ça ne change rien à ça, mais regarde nous, regarde moi. Je ne dis pas que nous n'aurons pas d'enfant... Je veux que tu sois la mère de mes enfants, je veux que tu sois ma femme, tu es même déjà ma femme à mes yeux, mais maintenant ? On n'en est pas là Indi, tu dois bien le voir ?

C'est encore pire que ce que j'avais imaginé. Je m'étais préparée à cette éventualité, évidemment, mais ce qui est train de se passer est au delà de tout. Je me doutais que ce ne serait pas une nouvelle que l'on aurait pu célébrer ensemble, dans la continuité du bonheur que nous partageons depuis des mois. Je savais qu'il ne sauterait pas de joie, qu'il ne se précipiterait pas à ma rencontre pour me dire à quel point il était impatient de faire ce voyage unique avec moi. J'avais beau avoir conscience de tout cela, la claque que je viens de me prendre est monumentale. « Bien sûr que non ! » Chaque mot, chaque syllabe, chaque lettre qu'il prononce ne fait que renforcer la boule qui s'est formée dans mon estomac, si grande désormais qu'elle vient écraser mon coeur. Il ne veut pas que je porte son enfant. Il ne me pense pas digne d'avoir ses héritiers. C'est tout ce que je comprends de sa réaction dans la panique du moment. Et c'est peut-être orgueilleux de ma part, mais ça me fait terriblement mal. « J'ai l'air de vouloir avoir un enfant ? On va le mettre où ? Dans la chambre à côté de celle de ma mère ?» Il a beau conserver une certaine mesure dans sa colère, je la prends de plein fouet comme s'il venait de me hurler dessus de toutes ses forces, à tel point que j'en viens à me recroqueviller sous ses cris. Je n'ose même plus le regarder en face, seul le marbre froid au sol devient supportable à mes yeux. « Indiana... » Je reste immobile et muette, statue de cire perdue dans la contemplation d'une relation qui s'effrite juste sous mon nez. Je ne peux même pas lui en vouloir. Sa main se pose soudainement sur ma peau et je tressaille dans un malheureux réflexe. « Je suis désolé [...] On n'en est pas là Indi, tu dois bien le voir ? » Malgré ses mots qui se veulent rassurants, le poids sur mes épaules ne s'allège pas. Je suis toujours paralysée par ce rejet qu'il a eu, car même s'il prétend vouloir des enfants avec moi plus tard, c'est maintenant que la question se pose. C'est maintenant que j'ai besoin de lui. « Je sais mais... qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? » Je plonge dans ses iris, en quête d'une réponse à la question cruelle que je lui pose. Je suis tellement paumée que je ne réalise pas l'ampleur du choix que je lui demande de faire.

« Je sais mais... qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? » Je tombe dans un silence d'outre-tombe. Putain c'est à moi de le dire ? Vraiment ? Pourquoi, c'était à moi de faire ça ? Pourquoi elle me mettait dans cette position ? Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça putain. Pourquoi elle ne le disait pas elle, qu'elle dise ce qu'elle veut, que je la suive, sans me salir les mains. Fuck. Je lui en veux maintenant, vraiment. D'encore me mettre dans la position du méchant, de celui qui lui fera du mal. Lui dire ce que je pense, ce que je pense vraiment, la détruirais. Complètement. Nous détruirait. « Je ne sais pas. » dis-je froidement. Je mentais. Bien sûr que je savais, j'étais même sûr au fond de savoir ce que je voulais qu'elle fasse. Mais quel genre d'homme je serais si je le disais ? Que deviendrais-je si je ne le disais pas ? Comment lui faire comprendre ce que je veux sans être implicite. Comment. « Ne me force pas à le dire s'il te plaît. » Encore une fois, j'étais le mec horrible, je le savais ça aussi. Et ça me dégoûtai à cet instant précis. De devoir faire ça, nous faire ça. La situation me dégoûtait. Mais je ne savais pas comment agir autrement. Je ne savais pas comment agir, c'est tout. Comment quelqu'un de bien agirais, quelqu'un d'autre que moi ? Je n'ai jamais été préparé à ce genre de situation, il n'y a pas de mode d'emploi qui dit ce qu'un mec bien ferait ou non. Il y a juste moi. Et elle. Dans cette pièce. À ce moment précis. Je ne suis pas un homme mauvais parce que j'agis de cette façon, elle n'est pas une femme mauvaise parce qu'elle me met face à cette décision. Il faudrait se mettre à notre place avant de nous juger. À ma place. Nous ne savons pas quoi faire, tout les deux, quoi dire, comment agir. Quel terme utilisé. Le tact ? Ca n'a juste jamais été mon truc. Je suis du genre à ne pas passer par quatre-chemins, et là encore, j'essaye. Il était impossible de ne pas voir à quel point j'essayais, je ramais. Pour ne pas nous détruire, ne pas me détruire, tout en essayant de prendre la bonne décision. « Tout ce que je sais, avec certitude, c'est que je ne ferais pas un bon père. » Je suis à peine un bon petit-ami. « La question n'est pas ce que je veux que tu fasses Indiana. Au final, c'est ton corps, ta décision. Qu'est-ce que tu veux faire toi ? »

Assommée par la brutalité de la nouvelle, je ne me rends pas compte de ce que je demande à Cael. La panique me fait oublier de prendre du recul, de poser les choses de manière calme afin d'y réfléchir en adulte mature. Au lieu de ça, non seulement je débarque avec mes gros sabots pour lui balancer une nouvelle susceptible de bouleverser toute notre vie, mais en plus je lui demande de prendre seul la responsabilité du choix qui s'impose désormais à nous. Lui qui culpabilise souvent de se montrer soi-disant égoïste, je crois bien que je viens de pulvériser son score. « Je ne sais pas. » me répond-il avec froideur, le regard si dur que je comprends qu'au contraire, il sait exactement ce qu'il veut. Ce ne sera pas un happy ending. Ou peut-être que si en fin de compte. Parce que le plus terrible là-dedans, c'est que je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, si sa position me soulage ou au contraire me détruit. « Ne me force pas à le dire s'il te plaît. » Je vois bien dans ses yeux qu'il m'en veut terriblement de lui avoir demandé de décider pour nous deux. Moi aussi je m'en veux en fait, pour ça, pour l'avoir pris par surprise avec l'annonce et pour avoir merdé avec ma pilule. Au fond c'est moi la fautive, c'est moi qui nous amène aujourd'hui dans cette situation. « Tout ce que je sais, avec certitude, c'est que je ne ferais pas un bon père. La question n'est pas ce que je veux que tu fasses Indiana. Au final, c'est ton corps, ta décision. Qu'est-ce que tu veux faire toi ? » Je secoue vivement la tête, en complet désaccord avec ce tout qu'il vient de dire. Je refuse de le laisser continuer dans cette voie. « Ne dis pas de bêtises. Mon corps, mon coeur, tout mon être t'appartient. Et moi je sais avec certitude que tu serais un père formidable. » Je l'oblige à me regarder droit dans les yeux, attrapant sa main pour nourrir ce besoin vital et soudain que je ressens de le toucher. « Je suis désolée de t'avoir demandé de choisir tout seul. » que je m'excuse en baissant la tête, exerçant une légère pression dans sa main. Je finis par ajouter d'une toute petite voix: « Je... je suis d'accord avec toi. » Nous ne sommes pas prêts. Ni lui ni moi.

« Ne dis pas de bêtises. Mon corps, mon cœur, tout mon être t'appartient. » Ce qu'elle dit me touche, vraiment, mais c'est trop. Et ce n'est pas vrai. Elle ne m'appartiens pas, elle ne peux pas m'appartenir ou n'appartenir à personne, elle est bien trop parfaite, inatteignable, elle a bien trop de valeur à mes yeux pour que je puisse dire qu'elle "m'appartienne". Comme un simple objet, comme une possession. Elle était tellement plus. C'était elle qui m'avait, tout entier, je lui appartenait à elle. Je caresse sa main, l'écoute, essaie de rester calme, de réfléchir... Je ne serais pas un bon père. Elle a beau le dire, je sais très bien c'est faux. Non. Pas maintenant en tout cas, pas comme ça, pas de façon qui semblait tant... Forcé. « Je... je suis d'accord avec toi. » Etais-ce vrai ? Je n'en étais pas certain, mais ses paroles me rassuraient quand même. Je me sentais à nouveau respirer. Je soupirais longuement, de soulagement il faut l'admettre et ne savait plus quoi ajouter. Vraiment ? Je passe une main dans ces cheveux, puis caresse son visage jusqu'à arriver à son cou. Je pense qu'on devrait prendre quelques jours de plus pour prendre une décision ? Je n'ai pas envie de te pousser à faire quoi que ce soit on devrait juste dormir là-dessus...

Au moment même où j'énonce enfin ma position, je lis le soulagement sur son visage. Il ne veut pas être père, du moins pas maintenant. C'est quelque chose que je comprends parfaitement et qui me fait réaliser par la même occasion que je ne souhaite pas non plus devenir mère dans ces conditions. Regardons les choses en face, je n'ai rien de l'adulte posée, mature et responsable que mériterait le futur bébé qui grandit dans mon ventre. « Vraiment ? » Mes yeux dans les siens, je lui réaffirme avec la plus grande des sincérités. « Vraiment. Je ne veux pas que cela se fasse comme ça, par accident. » Qu'on choisisse, ensemble, d'avoir un enfant plutôt qu'il nous soit imposé par le destin. Aujourd'hui c'est trop tôt. « Je pense qu'on devrait prendre quelques jours de plus pour prendre une décision ? Je n'ai pas envie de te pousser à faire quoi que ce soit on devrait juste dormir là-dessus... » Peut-être s'est-il rendu compte de la brutalité de sa première réaction car il se montre beaucoup plus rassurant à présent. Je le remercie d'un sourire timide, tout bêtement heureuse qu'il ne m'ait pas claqué la porte au nez dès le moment où je lui ai largué la bombe. Avec un peu de recul, je me rends compte que toute mon angoisse était surtout due à la peur de le perdre lui. « On peut se donner quelques jours avant de prendre une décision finale oui... mais en aucun cas tu ne me pousses à faire quoi que ce soit et moi je ne veux pas non plus que tu te forces à dire quelque chose que tu ne penserais pas, juste pour ne pas me blesser d'accord ? » Comme il l'a montré à plusieurs reprises par le passé, il a cette tendance à vouloir trop me protéger, quitte à ne pas toujours être à 100% honnête avec moi. Et c'est justement ce que j'essaye de combattre chez lui. Je veux qu'il puisse tout me dire, je veux entendre toutes ses vérités, même les plus difficiles, même celles dont il a le plus honte. Je l'aime et je serai toujours à ses côtés quoi qu'il arrive.

La culpabilité me rongeait. Moi qui disait être, qui croyait être devenu un homme différent, je retombais à mes vieilles habitudes de connard dès que l'occasion se présentait. Putain. Pourquoi il n'y a pas de manuel pour être un bon petit-ami. Un qui me dirait la marche à suivre dans ce genre de situation. Pourquoi hein ? Je sais exactement comment va tourner la situation dès qu'on n'en parlera à d'autres personnes, dès que l'info sortira. Je peux déjà entendre ce que des gens comme Pepper ou Samuel diraient, que je ne suis pas une personne décente, qu'elle mérite mieux, qu'elle mérite quelqu'un qui la soutiendrait et bla bla bla. Mais putain j'essaie. Tout les jours, tout le temps. D'être un petit ami décent, parfait même. Mais j'essaie aussi de ne pas me perdre moi, et un bébé ? Ce n'est juste pas moi. Pas comme ça. Elle le sait bien... Indiana le sait bien. Est-ce que tu en as parlé à quelqu'un d'autre ? Un brun d'inquiétude dans ma voix. Dois-je m'attendre à un deuxième combat impromptu avec Samuel Manning ? J'aimerais être prévenu histoire de bien me préparer. Pourquoi pas être accompagné par un pote ou deux, voir trois. Tout le club. « On peut se donner quelques jours avant de prendre une décision finale oui... mais en aucun cas tu ne me pousses à faire quoi que ce soit et moi je ne veux pas non plus que tu te forces à dire quelque chose que tu ne penserais pas, juste pour ne pas me blesser d'accord ? » Fuck qu'elle est parfaite. Mes mains attrapent son visage et j'avance vers ses lèvres en douceur. Je veux se contact. J'en ai besoin. Je l'aime putain, grossesse ou non, bébé ou non je l'aimais et rien ne pouvait changer ça. Je l'embrasse, pour la rassurer, pour me rassurer. Surtout pour moi. Pour me rappeler de ce qui est vraiment important, plus que tout ce bazar, notre amour. Nous. Elle. Car il n'y a pas de Cael sans Indiana. Promis

En venant sonner chez lui quelques minutes auparavant, je ne savais absolument pas ce que j’allais lui dire, ce que j’attendais de lui ni ce que je voulais au plus profond de mon cœur. J’étais dans le noir le plus total et comme à son habitude, il a été ma lumière. Un peu malgré lui cette fois-ci peut-être, mais qu’importe. Après tout c’est moi qui ai provoqué tout ça, c’est moi la responsable. Si ses mots m’ont blessée, je reste celle à blâmer. Il s’en abstient pourtant, faisant preuve d’une sollicitude que je ne mérite pas. Je refuse de le laisser prendre ne serait-ce qu’un millième de la faute. Quoi qu’on en dise, quoique lui puisse penser, il est ma raison de vivre. Celui qui me maintient la tête hors de l’eau lorsque je me noie, celui qui me propulse vers les étoiles lorsque je regarde le ciel, celui que j’aime et que j’aimerais jusqu’à mon dernier souffle. « Est-ce que tu en as parlé à quelqu'un d'autre ? » Sa voix me ramène doucement sur la terre ferme, et je vois un petit pli soucieux se dessiner entre ses deux yeux en même temps qu’une légère appréhension se saisit de mon ventre. Légèrement embarrassée, je lâche la vérité avec une petite moue hésitante. « Juste à Pepper. Je voulais t’en parler en premier, mais elle m’a vue avec mon test et… » Devant la grimace qu’il ne peut contenir, je me dépêche d’enchaîner. « Mais ça s’est bien passé, elle n’a pas fait de commentaire particulier et elle m’a promis de ne rien dire à personne. » Un demi-mensonge pour mieux le rassurer, et que je complète en détournant la conversation. Le subterfuge est efficace car je vois ses traits se détendre jusqu’à même afficher un semblant de sourire. Ses mains s’emparent de mon visage et nous nous retrouvons enfin pour un baiser salvateur. Le poids sur mes épaules s’allège sitôt ses lèvres sur les miennes et je me laisse aller sous son étreinte. « Promis » Dans le séisme qui vient de frapper nos existences, il reste mon pilier, mon point d’ancrage. « Je t’aime. » Tout est dit.

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